Ne sois pas parfait, sois présent


Acompagner une personne en fin de vie est une vraie épreuve. Une sensation d'oppression grandissait en moi. Tout cela devenait écrasant. J'ai décidé de chercher de l'aide, une épaule sur laquelle m'appuyer. C'est ainsi que j'ai fait appel à une kinésiologue. L'hôpital offrait aussi un soutien aux familles des patients atteints de maladies graves, mais je ne souhaitais pas voir un psychologue, le faite d'en parler ne me servait pas. Mon corps a commencé a donner des signaux d'alarme : le syndrome de Reynaud s'est déclenché, un résultat d'un stress extreme qui bizarrement a tendance à atteindre les personnes accompagnants. Je faisais face à mon propre combat. Ma kinesio m'a ouvertement dit : "Tu ne peux sauver personne. Sauve toi-même !" Tant bien que mal j'ai essayé de m'occuper de moi : les séances de massage shiatsu réguliers, la pratique du sport pour évacuer les résidus du stress, avec une seule phrase dans la tête "L'univers prend soin de moi" en continu, comme un mantra.

Étais-je une soignante exemplaire ? Certainement pas. À vrai dire, l'idée de prendre soin des autres ne m'était pas naturelle. Je n'avais jamais été de celles qui débordent de tendresse maternelle. C'était loin d'être ma vocation première.

Cependant, la vie nous place parfois dans des rôles que nous n'aurions jamais imaginés. Prise dans la tourmente de cette bataille infernale, j'ai rapidement perdu de vue l'essentiel.

Heureusement, j'ai eu la chance d'avoir un conjoint qui s'est révélé un patient exemplaire. Il a su faire preuve de patience et d'une compréhension infinie, même dans les moments les plus difficiles. Je me sentais si maladroite, si peu préparée à cette nouvelle responsabilité. Il me connaissait mieux que quiconque, il avait vu ma vulnérabilité et ma frustration. Je me suis excusée auprès de lui de ne pas savoir mieux gérer les choses. Pourtant, au lieu de me faire ressentir ma faiblesse, il m'a simplement murmuré ces mots réconfortants : "Tu es parfaite."

Ces trois petits mots ont eu un énorme9 impact sur moi. C'était comme s'il avait balayé toutes mes inquiétudes d'un seul coup. Plus besoin de me torturer avec l'idée de ne pas être à la hauteur. J'ai appris à me défaire de cette pression et à simplement être là, à ses côtés, offrant mon soutien, ma main tendue et mon amour sans conditions. Il m'a sauvé de l'enfer de la culpabilité et des remords que les personnes peuvent vivre en se torturant jusqu'à la fin de leur vie, se posant les question "Est-ce que je pouvais faire plus ?" - Bien sûr qu'on peut toujours faire plus. - Est-ce que je pouvais faire mieux ? - Toujours on peut mieux faire !

Dans ce voyage imprévu, j'ai appris que la perfection n'était pas une exigence. Peut-être que je n'étais pas une soignante parfaite, mais j'étais là, j'étais engagée, et cela faisait toute la différence. Le seul regret que j'ai aujourd'hui est de ne pas m'en rendre compte bien avant. Peut-être le lâcher-prise rendrait ce périple un peu plus supportable.

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